Tricia Deguire: une rencontre qui a changé sa vie
Saison 2022-2023.
Tricia Deguire fait ses débuts chez les professionnelles avec la Force de Montréal dans la PHF. De son propre aveu, elle connaît une année difficile, autant sur le plan personnel que professionnel.
C’est alors que par le biais d’une connaissance, elle fait la rencontre d’Olivier Gervais. Ce dernier est un ancien gardien de but originaire de Laval devenu entraîneur des gardiens, entre autres, avec l’Université Concordia. Il a aussi fondé Paramount Hockey, un programme de développement pour les gardiens.
« J’avais une saison plus difficile avec la Force, mais vers la fin de l’année, j’ai été pas mal plus forte qu’au début, admet Deguire. Chaque chance que j’avais de pratiquer avec Olivier pendant que j’étais avec la Force, je la prenais. J’avais besoin de me retrouver comme gardienne, mais aussi de me retrouver comme personne. Ça a été incroyable de l’avoir sur mon chemin! »
À plusieurs niveaux, cette rencontre sera déterminante dans le parcours de Deguire. Une rencontre qui changera sa vie.
La PHF a été vendue. La LPHF est arrivée. De son côté, Tricia devait soigner une blessure qui ne semblait pas si sérieuse au départ, mais qui lui fera finalement manquer une année complète. Entre-temps, Gervais accepte le poste d’entraîneur des gardiens avec le Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Originaire de Sherbrooke, c’est Tricia qui l’aide à se trouver un endroit où demeurer.
Puis, peu de temps après, Tricia reçoit un appel qu’elle n’attendait pas.
« Un jour, Oli était à l’aréna et il m’appelle : ‘Tri, on sait que tu vas te faire opérer bientôt, mais est-ce que tu peux venir faire la coach des vidéos à Sherbrooke?’ Je me dis que ça devait être une blague, que ça n’allait pas être vrai, explique la gardienne de 26 ans. Finalement, je dis à Oli que je vais l’essayer. Je me disais que je n’avais rien à perdre. Je vais aller apprendre du hockey et je vais être capable de voir davantage la game d’en haut. J’ai fait des cours pour savoir comment faire avec l’entraîneur adjoint Jonathan Deschênes et le directeur général de l’équipe, Philippe Sauvé, a vraiment aimé ce que j’ai fait. Ils ont aimé que je me sois intégré dans le groupe, que je connaisse mon hockey. Et ils m’ont demandé si je voulais rester toute la saison. On a vraiment eu du plaisir. L’expérience a été incroyable. J’ai appris, j’ai appris, j’ai appris. J’étais vraiment contente! »
De la vidéo à derrière le banc
Le temps des fêtes arrive et qui dit temps des fêtes dans le hockey junior dit championnat mondial de hockey junior. L’entraîneur-chef du Phoenix, Gilles Bouchard, a été nommé entraîneur adjoint avec l’équipe canadienne et doit quitter pour la Suède.
Le 21 décembre, l’équipe annonce que Deschênes remplacera Bouchard derrière le banc et que Tricia sera promue au poste d’entraîneuse adjointe avec le Phoenix, devenant ainsi la deuxième femme à obtenir un tel rôle dans la LHJMQ après Danièle Sauvageau avec le Rocket de Montréal en 1999. Et encore une fois, Deguire croit à une blague!
« Je pense qu’on était fin novembre. Et on s’en allait à une partie et Phil me demande si j’aimerais ça coacher. Je lui ai dit que oui, j’aimerais peut-être ça dans le futur. Et là il fait comme ‘Non, aimerais-tu ça coacher en arrière du banc cette saison?’ J’ai dit à Phil d’arrêter de niaiser! Je savais que Gilles allait partir, mais on avait déjà une autre personne qui était là avec nous pour être derrière le banc avec Jonathan pendant les fêtes. Finalement, Phil me dit que je vais cocher pendant les fêtes. J’étais sûre qu’il me niaisait. Tellement, que je n’ai pas pris conscience que j’allais coacher jusqu’à ce que les dates sortent. Du 15 au 20 décembre, ça allait être l’autre personne qui avait été engagée, puis du 28 décembre au 7 janvier, ça allait être moi, parce que l’autre coach allait être en voyage. C’est là que j’ai réalisé que c’était sérieux! »
Début devant 15 000 personnes
Deguire fait alors ses devoirs. Elle se met à lire ses livres de hockey reçus au Collège Champlain, à l’Université McGill, avec le Phoenix de Sherbrooke, elle contacte plusieurs anciens entraîneurs, bref, elle fait tout pour être fin prête pour ce nouveau défi. Surtout que son premier match derrière le banc est disputé dans le plus gros marché de la ligue, au Centre Vidéotron de Québec, face aux Remparts.
« Il y avait 15 000 personnes, se souvient Tricia. J’ai eu une ovation et sur le coup, je ne l’ai même pas entendue! C’est le coach qui me l’a dit. J’ai levé ma tête, puis j’ai juste vu ma face sur le gros écran avec 15 000 personnes qui applaudissaient. C’était malade! Les gens ont été incroyables à Québec. J’ai eu un peu les larmes aux yeux, mais j’ai passé au travers de cette montée d’émotion. »
Le match, comme le reste de son séjour derrière le banc, se déroulent bien pour Tricia, tellement qu’elle aimerait continuer dans le coaching une fois sa carrière terminée. Toutefois, les cinq derniers mots sont très importants ici : une fois sa carrière terminée.
« La passion de jouer sur la glace est encore là. Alors tant que je n’aurai pas terminé à 100% ma carrière, je ne penserai pas au coaching, mais éventuellement, c’est sûr que j’aimerais ça. »
Tout un retour lundi dernier
Sa carrière sur la glace, Tricia l’a reprise la semaine dernière à la LSHL, alors qu’elle prenait part à un premier match compétitif en plus d’un an. Un match qui s’est très bien déroulé pour elle.
« J’étais un peu stressée parce que j’arrivais de Las Vegas le matin même. J’étais là avec Oli pour un camp de gardiens avec Paramount. On a atterri vers 7h30 du matin. On était sur un décalage horaire. Je n’avais pas beaucoup dormi cette nuit-là, c’était un vol de nuit. Finalement, je me suis juste dit que je n’avais rien à perdre. Je voulais juste avoir du plaisir, retrouver l’amour que j’ai pour le hockey et la compétitivité. D’avoir Marie-Philip Poulin dans ton équipe, ça aide aussi! Les filles sont arrivées pleines d’énergie, c’était la semaine Poulet Rouge (l’équipe pour laquelle elle joue), il n’y avait que du positif dans la chambre et ça m’a vraiment aidé. »
Pas de plan B
La carrière de gardienne de Deguire n’est donc pas encore terminée. Elle n’a même pas de plan B. En fait, elle ne veut pas avoir de plan B, que ce soit un poste derrière un banc ou aller jouer en Europe par exemple.
« Pour l’instant, je n’ai qu’une option en tête et c’est d’avoir une invitation à un camp dans la LPHF, précise-t-elle. Souvent, quand on prépare un plan B, on n’est pas assez dans notre plan A. C’est comme ça que je le vois. Alors en ce moment, je m’investis complètement à mon plan A. Si mon plan A ne fonctionne pas, on verra. Mais pour l’instant, mon plan A, c’est vraiment de jouer dans la LPHF, puis je vais faire tout en mon pouvoir pour avoir une chance et trouver une place dans une équipe. »
Tricia sera en action ce soir dans la LSHL. Le premier match est prévu pour 17h15 et le second vers 18h30, le tout au complexe sportif Hockey Etcetera. Les billets sont au coût de 10$ en pré-vente et 15$ à la porte, le tout pour amasser des fonds pour la fondation canadienne du cancer du pancréas. Les matchs sont aussi présentés sur Facebook, Twitch et YouTube. Pour plus de détails, veuillez consulter le site livingsisu.com.
L’équipe de Paramount tiendra un camp d’entraînement les 2, 3 et 4 août à Sherbrooke. Pour plus de détails, veuillez consulter le site Web de Paramount.
crédit photo: Arianne Bergeron