Le fascinant parcours des sœurs Philbert
Ce n’est pas tous les jours que deux sœurs ont la chance de jouer au hockey dans la même équipe. Encore moins quand cette équipe se trouve en Europe. C’est le cas de Léonie et Alice Philbert, qui joueront ensemble en Italie la saison prochaine.
Les deux Québécoises n’ont pas eu l’opportunité de faire partie de la même équipe souvent au cours de leur carrière respective.
« En fait, on a juste joué ensemble au cégep pendant un an, puis après ça à l’université pendant trois ans », explique Alice.
« Puis un an midget », ajoute Léonie.
« Ouais, un an midget, parce qu’elle a été surclassée », précise Alice.
Dès le premier échange, on peut voir la complicité d’Alice et de Léonie, âgées respectivement de 28 et 26 ans. Une complicité qui vient du fait que la famille Philbert est tissée serrée et qu’elle a toujours baigné dans le sport.
Leurs parents, Guy et Véronique, ont joué au hockey, tout comme leur frère Rémi et leur sœur Zoé.
« Depuis qu’on est toutes jeunes, ils nous ont amenés dans le sport. On était toujours vraiment sportifs. On a fait soccer, tennis, hockey », explique Léonie.
« Basket », ajoute Alice.
« Basket, tennis, continue Léonie. On a fait beaucoup de sport. Ils ont toujours été là pour nous. Même si on était quatre enfants, ils étaient toujours présents. C’est beaucoup d’énergie. On ne s’en rend pas compte quand on est plus jeune, mais l’énergie qu’ils ont mise là-dedans. On le voit quand on est plus grand. Notre père s’est beaucoup impliqué aussi en tant qu’entraîneur. Autant pour Alice, Zoé, moi et mon frère, il nous a tous coachés à un moment ou un autre. »
« Que ce soit dans le hockey ou dans le soccer, même la ringuette, moi je jouais à la ringuette, il s’est tout le temps impliqué, renchérit Alice. Il aimait ça pouvoir s’impliquer au maximum. »
Ce n’était donc pas surprenant de voir Guy Philbert à toutes les parties des Stingers de Concordia du temps que Léonie et Alice y jouaient. Il était l’un des parents les plus connus dans les estrades. Il suit tout ce qui se passe en hockey féminin et n’a pas peur de donner son opinion sur le sujet. Il a aussi été voir ses filles jouer à la LSHL tous les lundis cet été et a même visité Alice en France.
« Même quand je joue plus tôt en Europe, mes parents se lèvent durant la nuit pour regarder mes games, raconte Alice. Ils sont tout le temps là, ils aiment vraiment ça nous suivre. »
L’Italie pour jouer ensemble
Parlons-en de l’Europe.
Même si ce n’était pas leur premier choix – les deux s’étant rendues disponibles pour le plus récent repêchage de la LPHF – elles ont tout de même hâte de vivre cette expérience ensemble.
« Mon objectif premier était d’aller dans la LPHF, explique Léonie. Ça ne s’est pas concrétisé. Après ça, on a regardé vers l’Europe. Même chose pour Alice. Pour l’Europe, si on avait l’opportunité de jouer ensemble, ça devenait vraiment une expérience le fun. De pouvoir habiter en Europe ensemble, puis vivre une expérience de l’autre côté de l’océan, ça aurait vraiment été cool. Puis là, bien, ça s’est concrétisé en Italie. On avait essayé en Suède, mais ça n’avait pas marché. Donc, l’équipe à Bolzano en Italie dans la EWHL était intéressée, alors on a dit oui. »
L’équipe à Bolzano, située dans le nord du pays, ce sont les EVB Eagles Südtirol dans la Ligue de hockey européenne féminine, ligue qui comprend des équipes dans plusieurs différents pays européens, dont l’Autrice, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.
Ce sera une première expérience pour Léonie en Europe, mais une troisième pour Alice alors qu’elle a passé les deux dernières saisons à jouer en France dans une ligue d’hommes.
« Pour moi, ça aurait été possible de rester en France, précise Alice. Mais pour Léo, ça aurait été un peu plus compliqué, vu qu’aller jouer D3 ou D2 chez les hommes, c’est avec contact. Donc là, ça aurait été compliqué. J’aurais pu rester en France chez les gars, mais pour l’année olympique, je pense que c’était important pour moi de retourner jouer chez les filles. »
Alice : les JO dans sa mire
La mention des Jeux olympiques est importante ici, car à moins d’une catastrophe, et bien que rien ne soit encore confirmé, Alice devrait être devant le filet de la France en février prochain. Ce serait l’aboutissement d’un projet qui a débuté il y a deux ans déjà.
Alors qu’elle graduait de l’université Concordia, là où elle a gardé les buts pendant cinq saisons en plus de remporter un championnat canadien, Alice a demandé à ses entraîneuses, Caroline Ouellette et Julie Chu, si elles pouvaient l’aider à obtenir un poste en Europe. En 2023, les championnats mondiaux féminins se déroulaient à Brampton en Ontario et l’équipe de France y était.
Une discussion a eu lieu entre Ouellette et l’entraîneur de l’équipe de France qui se cherchait une gardienne pour les Jeux de 2026. C’est alors que la membre du temple de la renommée a mentionné qu’elle avait peut-être quelqu’un pour lui.
N’étant pas du tout de nationalité française ou n’ayant aucune famille en France, le tout était quand même possible pour Alice, mais il fallait remplir certaines conditions.
« Le coach a dit que c’était possible vu que j’avais étudié en français la majorité de ma vie. Il fallait aussi que je n’aie jamais fait ou même reçu d’invitation pour Team Canada. J’avais été invité à Team Québec, mais je n’ai jamais fait le club. Mais il ne fallait pas que j’aie eu d’invitation à Team Canada, sinon c’était fini. C’était une grosse décision. Ça m’a pris deux mois à choisir si je le faisais ou pas. »
Et le destin fait drôlement les choses parfois. Si la fermeture de la PHF à l’été 2023 a secoué le monde du hockey féminin, ça a été l’élément déclencheur dans la prise de décision d’Alice.
« Caro était au courant du nombre de gardiennes et de spots qu’il y aurait pour la nouvelle ligue. Elle m’a dit ‘Alice, t’auras pas de place. Va en France, c’est ta meilleure option.’ Sinon, je signais probablement à Buffalo dans la PHF. J’avais un meeting prévu avec le DG le lendemain que la ligue a fermé. »
Si Alice signait et jouait à Buffalo, la France n’aurait plus été une option.
« Si j’avais dit non à la France à ce moment-là, ça aurait été fini en fait, parce que c’était quand même un gros processus. Il fallait qu’ils demandent l’accord au capitaine de l’équipe de France, il fallait qu’ils demandent à la fédération, après ça au gouvernement je pense. Puis si tout ce monde-là était d’accord, là, il pouvait aller de l’avant avec le projet. Ensuite, il fallait que je joue en France et que je travaille aussi à 80% de mon temps, pour montrer que tu amènes quelque chose à la France. Et il y avait beaucoup de papiers à remplir. »
Et c’est ainsi, deux ans plus tard, qu’Alice a finalement son passeport français et un bon espoir de faire l’équipe de France.
Léonie: une ancienne attaquante
Le parcours de Léonie est quelque peu différent.
Elle a aussi passé cinq saisons avec les Stingers, remportant un championnat canadien de plus que sa sœur. À sa dernière année, elle a connu une saison exceptionnelle pour une joueuse de défense, avec 27 points en 21 matchs et une place sur la première équipe d’étoile du USports.
Ce qui est le plus remarquable, c’est que Léonie ne jouait pas à la défense à son arrivée à Concordia.
« Moi, j’ai signé à Concordia et j’étais une attaquante. Après l’année COVID, il y a tellement de joueuses qui ont décidé de rester pour une année de plus que notre line-up était full. Pour un match hors-concours, Caro et Julie m’ont dit qu’elles allaient me mettre à la défense juste pour un match. Après le match, elles m’ont dit qu’elles allaient me garder là. Je joue au hockey depuis que j’ai cinq ans et je n’avais jamais joué à la défense de ma vie! Mais j’ai juste sauté à pieds joints dans le défi. Je suis contente parce que j’ai vraiment appris au niveau hockey. J’étais une attaquante plus défensive et je suis soudainement devenue une défenseure offensive! »
Et même si elle va terminer l’écriture de sa thèse en Italie, elle qui fait une maîtrise en enseignement des mathématiques afin d’enseigner la matière au cégep, à la suite d’une première année en Europe, le hockey pourrait prendre encore de la place dans la vie de Léonie.
« Je suis plus au jour le jour. Je ne veux pas penser trop à ce qui s’en vient les années suivantes parce que je ne sais même pas cette année, ça va ressembler à quoi. Et même si je suis vraiment contente de ce que j’ai accompli, je pense que je suis capable d’aller chercher plus loin. Si on peut performer en Europe et que ça peut montrer que oui, on est de niveau et qu’on est capables de jouer dans des ligues qui sont plus fortes, ben let’s go! Je suis clairement ouverte à continuer ma carrière en Europe si l’occasion se présentait. »
Si Alice jouera la finale consolation, Léonie et son équipe auront la chance de jouer dans la grande finale de la saison 2025 de la LSHL. Le premier match est prévu pour 17h15 et le second, la grande finale, vers 18h30, le tout au complexe sportif Hockey Etcetera à Mont-Royal. Les billets sont au coût de 12.50$ sur le site web de Living Sisu, le tout pour amasser des fonds pour la fondation canadienne du cancer du pancréas. Les matchs sont aussi présentés sur les réseaux sociaux de La Poche Bleue et de Living Sisu. Pour plus de détails, veuillez consulter le site livingsisu.com.
crédit photo: Arianne Bergeron