Taylor Heise: de premier choix à MVP
Quatrième match de la série Minnesota-Boston. Deuxième période de prolongation. Avec moins de trois minutes à faire et une marque de 0 à 0, Sophie Jaques marque afin de donner la victoire à son équipe.
C’est l’euphorie chez les 9 000 partisans présents au Xcel Energy Centre. La traditionnelle pluie de gants a eu lieu dans les secondes qui ont suivi le but. Minnesota est la première équipe championne de la coupe Walter.
Ou l’est-elle vraiment? La ligue décide de réviser le jeu.
Taylor Heise est entrée en contact avec la gardienne Aerin Frankel. Pendant qu’on valide le tout, on voit Heise à l’écran, l’air inquiète. À juste titre. Le but est refusé. Moins de deux minutes plus tard, Boston crée l’égalité dans la série et force un cinquième et ultime match.
Une fin de match comme j’en ai rarement vu. Je croyais alors que peu importe l’équipe qui allait remporter le match numéro cinq, c’est plutôt du match numéro quatre qu’on allait se rappeler.
Mais avec le recul, la vraie histoire, c’est celle de Taylor Heise.
Lorsque l’annonce du premier repêchage a été faite à l’été 2023, immédiatement, Heise était vue comme une de celles qui pourraient être repêchées au tout premier rang. Comment ne pouvait-elle pas être considérée? Capitaine des Golden Gophers de l’Université du Minnesota et deuxième meilleure marqueuse de la NCAA à sa dernière saison universitaire, récipiendaire du prestigieux trophée Patty Kazmaier remis à la meilleure joueuse universitaire la saison précédente, en plus d’avoir été nommée joueuse la plus utile à son équipe aux championnats mondiaux de 2022, où elle comptait une médaille d’or et une médaille d’argent. Tout un curriculum vitae.
Heise: une vraie Minnésotaine
Lorsque le tirage au sort a permis à Minnesota de s’enquérir du premier choix, la décision de prendre Heise ne faisait plus aucun doute. L’attaquante de 24 ans a grandi à Lake City, en banlieue de Minneapolis. Elle a connu ses premiers succès à l’école secondaire Red Wing dans la ville du même nom, au sud-est de Minneapolis. Elle est devenue une star avec les Gophers. Heise respire le Minnesota.
Toutefois, la saison a été rocailleuse pour l’Américaine. Une blessure lui a fait manquer quelques matchs et sa production offensive était en dessous des attentes, alors qu’elle n’a produit que 13 points en 19 rencontres, quatrième meilleure pointeuse de son équipe.
Même en séries, ce fut compliqué. Heise a été blanchie à ses quatre premières rencontres. Lors du cinquième et décisif match de demi-finale, c’est là qu’elle s’est réveillée, avec deux buts, dont le but vainqueur pour éliminer Toronto. En finale contre Boston, elle a ajouté trois buts et trois aides en cinq matchs. Ses cinq buts ont été le quart de la production offensive de son équipe. En séries, elle a dominé au chapitre des buts avec cinq et elle a terminé au sommet des pointeuses, à égalité avec sa coéquipière Michela Cava, avec huit points. Le tout a été suffisant pour qu’elle reçoive le prix Ilana Kloss, remis à la joueuse la plus utile en séries.
Avec ce trophée et le titre de première championne de l’histoire de la LPHF, Heise devient à présent une incontournable dans l’histoire du sport au Minnesota et probablement la joueuse de hockey de la région la plus prolifique depuis Natalie Darwitz et Neal Broten. Darwitz, la directrice générale de l’équipe de Minnesota, a remporté le championnat de la NCAA à deux reprises avec les Gophers, en plus d’ajouter deux médailles d’or aux championnats mondiaux et d’avoir été intronisée au Temple de la renommée de du hockey international il y a quelques jours. Pour sa part, Broten, a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques avec l’équipe miracle de 1980 et a mené les North Stars à la finale de la coupe en 1991.
Dans l’histoire de la LNH, aucun joueur n’a été choisi premier au repêchage pour ensuite, la saison suivante, remporter la coupe Stanley. Je comprends la différence ici, mais rien n’empêche que de passer de premier choix à MVP des séries demeure tout un exploit et cet exploit est signé Taylor Heise.
Tout un duo
La seule autre joueuse qui aurait pu mériter le prix de joueuse la plus utile est la gardienne Nicole Hensley. Quelle décision de l’entraîneur-chef Ken Klee de remplacer Maddie Rooney par Hensley après que la première ait accordé quatre buts à Boston dans le premier match de la finale. Hensley a été intraitable, elle qui avait aussi accordé quatre buts à Toronto dans le premier match de la demi-finale. Hensley a accordé deux buts en quatre matchs, y allant de deux blanchissages, dont un dans le match ultime. En fin de compte, mis à part un match de quatre buts chacune, les deux gardiennes ont livré la marchandise, combinant un taux d’efficacité de .947. Minnesota est la seule équipe à avoir utilisé ses deux gardiennes en séries, les deux jouant cinq matchs.
Qui choisit prend pire
Les règles de la LPHF donnaient le choix à Toronto de prendre l’adversaire qu’il voulait en demi-finale. L’équipe a choisi Minnesota au lieu de Boston. Et après deux matchs sans avoir accordé de buts, on croyait bien que Toronto avait fait le bon choix. Mais la blessure à Natalie Spooner a changé l’allure de la série. Minnesota est revenue de l’arrière et a remporté les trois derniers matchs. Et elle est maintenant l’équipe championne. Merci Toronto!
Mieux que le Wild
Le Minnesota est l’état du hockey aux États-Unis. D’ailleurs, le temple de la renommée du hockey américain se trouve Eveleth, dans le nord de l’état. Cette première coupe Walter s’ajoute à une coupe Isobel remportée par les Whitecaps du Minnesota en 2019 dans la défunte PHF. Les North Stars et le Wild n’ont jamais remporté la coupe Stanley.
Dans les autres sports, le Lynx du Minnesota dans la WNBA a remporté les honneurs pour la dernière fois en 2017, les Twins au baseball en 1991, alors que les Timberwolves et les Vikings n’ont jamais remporté le championnat de la NBA et le Superbowl respectivement.
crédit photo: LPHF