Le futur a un nom : Ève Gascon

Le Québec a longtemps été une pépinière de gardiens et gardiennes de but. On n’a qu’à penser à Jacques Plante, Bernard Parent, Patrick Roy, Martin Brodeur, Roberto Luongo, Marc-André Fleury, Manon Rhéaume, Kim St-Pierre, Charline Labonté et Ann-Renée Desbiens. 

Du côté masculin, les héritiers de ces légendes se font rares. C’est plutôt chez les dames qu’on retrouve la prochaine grande vedette des cerbères du Québec. Le futur a un nom et ce nom est Ève Gascon. 

Le nom d’Ève Gascon vous est familier si vous suivez ce qui se passe au Québec depuis quelques années. En 2018, elle est devenue la première fille à jouer à temps plein dans ce qui était appelé à l’époque le Midget AAA (M18) avec le Phénix du Collège Esther-Blondin. Elle a ensuite été la troisième femme à jouer un match dans la LHJQ et la LHJMQ, cette dernière avec les Olympiques de Gatineau. Puis, en 2023, elle a amené les Patriotes de St-Laurent au championnat de la ligue collégiale.

C’est seulement à compter de la saison 2023-24, avec les Bulldogs de l’Université Minnesota-Duluth, dans la NCAA, que Gascon a commencé à jouer à temps plein dans une ligue féminine de hockey, ce qui lui a demandé une certaine adaptation.

« Je pense qu’il y a beaucoup plus de passes et moins de lancers du côté féminin, explique la gardienne de 22 ans. Les gars rentrent dans la zone et font un lancer, alors que les filles vont plus faire des jeux de passes. Puis le contrôle des rebonds aussi est vraiment important parce que les buts en hockey féminin, c’est plus sur des rebonds ou des choses comme ça. Je pense que tu peux te différencier des autres gardiennes avec ton contrôle de la rondelle. Le style de jeu est complètement différent. »

Malgré ces différences, sa première saison avec les Bulldogs a été marquée de succès. Une moyenne de buts alloués de 1.63, un pourcentage d’efficacité de .946 et sept blanchissages, le tout dans la ligue universitaire la plus forte au monde, une ligue que certains experts placent tout juste derrière la LPHF parmi les plus dominantes. Ces statistiques lui ont permis d’être choisie sur l’équipe toute étoile des recrues de la WCHA. 

Une incroyable saison!

Et ces succès n’étaient rien à comparer à ce qui l’attendait la saison suivante. En 2024-25, Gascon a continué là où elle avait laissé avec, entre autres, une moyenne de buts alloués de 1.83 et un pourcentage d’efficacité de .942. Ces performances lui ont valu le titre de gardienne de l’année dans la WCHA, en plus d’être nommée sur la première équipe d’étoiles de la WCHA, ainsi que de la NCAA. 

« J’étais plus en confiance lors de la dernière saison, raconte l’athlète de 5 pieds et 10 pouces, un avantage en hockey féminin. J’ai gardé les buts plus souvent qu’à ma première année. J’étais la gardienne numéro un et j’ai eu la confiance des coachs pendant toute la saison. J’ai aussi gagné de la confiance par rapport à la ligue. Je savais à quoi m’attendre, je connaissais le style de jeu des grosses équipes. On avait une bonne équipe, j’avais une bonne défensive devant moi et on a marqué plus de buts que l’année précédente. C’était juste ma deuxième année avec les filles et j’ai trouvé que j’avais beaucoup gagné en maturité. Ça a vraiment été une belle année! »

Puis comme si le tout n’était pas suffisant, Gascon a été choisie sur l’équipe nationale canadienne en marge des championnats mondiaux pour la toute première fois en avril dernier. Bien qu’elle n’ait pas été utilisée, elle a été le substitut lors de deux rencontres. Elle a ainsi remporté une médaille d’argent, une deuxième avec l’unifolié, alors qu’elle avait aussi remporté l’argent aux championnats mondiaux des moins de 18 ans en 2020.

« C’était vraiment une belle expérience. Je ne m’en attendais pas vraiment à faire partie de cette équipe-là. C’était vraiment fou de voir toutes les autres équipes, tous les fans qui viennent pour les parties, d’apprendre à connaître les filles de l’équipe pour les années futures, puis juste de prendre des notes sur comment Ann-Renée (Desbiens) se préparait ou comment (Kristen) Campbell se préparait. C’était vraiment le fun pour moi. C’était une belle première année avec cette équipe-là! »

Gascon, qui étudie en psychologie avec une mineure en communication, a aussi eu la chance de passer du temps avec celle qui vient de remporter le trophée de la meilleure gardienne dans la LPHF.

« Ann-Renée m’a pris sous son aile un peu, elle m’a permis d’apprendre à connaître le monde. Si elle allait marcher, elle m’invitait. C’est une super bonne personne, j’ai eu beaucoup de fun avec elle et on avait une bonne relation. »

Un moment touchant avec ses parents

Malgré ses succès universitaires, le championnat mondial lui a rappelé qu’il y avait encore place à l’amélioration, particulièrement les matchs entre le Canada et les États-Unis.

« Le niveau de jeu est vraiment bon. Ça va vite. Les filles sont super talentueuses. J’ai encore beaucoup à apprendre. C’est ça que j’aime aussi. Je veux apprendre et je veux devenir meilleure. J’ai eu la chance de voir les États-Unis, comment elles jouent, leur style de jeu, de prendre des notes un peu dans ta tête. Je pense que c’est super important et que ça a été vraiment bénéfique pour moi d’être là et de pouvoir les voir jouer. »

Toutefois, le plus beau de cette première présence aux mondiaux ne réside pas dans le tournoi comme tel, mais plutôt dans la façon qu’Ève a appris qu’elle y participerait. Un moment qu’elle ne pourra jamais oublier.

« J’étais en playoffs à l’université Cornell, puis mes parents étaient venus me voir. On est allés prendre une marche et moi, j’avais reçu un courriel quelques jours plus tôt comme quoi le line-up allait sortir un peu plus tard à cause de certaines circonstances. Et là on marche, puis comme cinq minutes après que je leur avais parlé de ça, Gina Kingsbury m’a texté. ‘Salut Ève, est-ce que je peux t’appeler?’

On a arrêté de marcher, on était en plein milieu de l’école à Cornell, puis Gina m’a appelé et m’a annoncé que je faisais partie de l’équipe et qu’il fallait que je m’arrange avec mes profs pour manquer l’école! Après ça, j’ai raccroché et j’ai annoncé la nouvelle à mes parents. Ils ont versé des larmes et moi aussi. On était vraiment contents! »

Prochain objectif: les Jeux olympiques

Au moment de cette entrevue, la liste des 30 joueuses invitées au camp d’entraînement estival d’Équipe Canada n’était pas encore sortie. Il n’est toutefois aucunement surprenant d’y voir le nom d’Ève parmi les quatre gardiennes invitées. Et à moins d’une catastrophe, elle devrait participer à sa première Série de la rivalité aux côtés de Desbiens et d’Emerance Maschmeyer et éventuellement, à ses premiers Jeux olympiques en février prochain en Italie. 

« Je pense que j’ai de bonnes chances de faire l’équipe, dit-elle, en parlant des Jeux olympiques. C’est sûr que ça va dépendre de ma saison quand même. Tout dépend aussi de ton entraînement pendant l’été et les parties que tu joues pendant l’année. Mais c’est certain que ça serait un honneur pour moi de faire cette équipe-là. C’est un objectif et un rêve pour moi depuis que je suis toute jeune de faire les Olympiques. »

LPHF: à Montréal ou ailleurs

Pendant longtemps, c’était le seul rêve possible pour une jeune joueuse de hockey. Le tout est maintenant différent avec l’arrivée de la LPHF. En principe, Ève devrait avoir complété son parcours universitaire en 2027, ce qui devrait aussi être son année de repêchage. Et tout comme elle a des chances de devenir la numéro un avec Équipe Canada un jour, elle a d’aussi bonnes chances de devenir une gardienne numéro un avec une équipe de la LPHF.

« C’est sûr que j’y pense. Être repêchée à Montréal, ça serait vraiment le fun. Surtout avec Maya (Labad), les deux filles de Mascouche avec la Victoire, ça serait vraiment nice! Mais c’est tellement une belle ligue que peu importe l’équipe, ça serait vraiment le fun. Mais oui, j’ai vraiment hâte à ça. Il faut que je profite de mes années universitaires, ça passe vite, mais je sais que j’ai de beaux plans après aussi. »

Ironiquement, c’est dans la LSHL, dirigée par un gardien de but de la KHL et deux entraîneurs des gardiens qu’on a pu voir Ève ces dernières semaines. Elle y sera d’ailleurs en action ce soir. Le premier match est prévu pour 17h15 et le second vers 18h30, le tout au complexe sportif Hockey Etcetera à Mont-Royal. Les billets sont au coût de 12.50$ sur le site web de Living Sisu, le tout pour amasser des fonds pour la fondation canadienne du cancer du pancréas. Les matchs sont aussi présentés sur les réseaux sociaux de La Poche Bleue et de Living Sisu. Pour plus de détails, veuillez consulter le site livingsisu.com. Elle sera aussi à la Classique KR ce samedi et les billets pour ce match de hockey bénéfice sont dispinibles ici.

crédit photo: LSHL/Sébastien Gervais

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