Règle des contrats de 10 jours appelée à partir?
Compliquée. Limitative. Une clause qui a privé les amateurs de voir Mélodie Daoust plus souvent sur la glace et qui a ajouté un niveau de complexité au travail de Kori Cheverie et Danièle Sauvageau. Une clause qui limite les options en séries et qui n’est toujours pas claire alors que celles-ci débutent ce soir pour Montréal. Est-ce que la règle des contrats de 10 jours devrait disparaître?
On savait des mois avant le début de la saison qu’il n’y aurait pas de club-école affilié aux six équipes de la LPHF. Déjà qu’on avait décidé de partir avec une feuille blanche pour la création de la ligue, on n’allait pas avoir le temps de créer une deuxième ligue en plus et c’est tout à fait normal.
En revanche, on a instauré une clause permettant à des joueuses de signer un contrat de réservistes. Passant de deux réservistes lors de la signature de la convention collective à trois avant le début de la saison, ces joueuses sont rémunérées à raison de 15 000$ américain par année, plus un montant par match joué. Toutefois, ces contrats sont très limitatifs.
Voici les principales règles entourant cette clause :
- une joueuse régulière doit d’abord être blessée pour qu’une réserviste signe un contrat
- le contrat n’est bon que pour 11 jours calendrier
- une réserviste ne peut en signer que deux par saison et un autre en séries
- si une réserviste ne s’est pas rendue disponible pour le repêchage, elle ne peut signer un contrat régulier
- si une réserviste n’a pas joué un match en saison régulière, elle ne peut être utilisée en séries
- on ne peut avoir qu’un maximum de 23 joueuses signées à un contrat régulier
Il est clair que ces règles ont été créées dans le but de forcer les joueuses à faire de la LPHF leur priorité et que si ce n’était pas le cas, elles allaient avoir plusieurs restrictions.Toutefois, dans le cas de Montréal particulièrement, avec quatre joueuses blessées, dont trois sur la liste des blessées à long terme, le tout donne un casse-tête aux dirigeants et aux entraîneurs, particulièrement en séries éliminatoires.
En point de presse hier, Kori Cheverie a confirmé qu’aucune des blessées à long terme ne sera de retour pour les séries. Montréal en a trois en ce moment: Dominika Laskova, Ann-Sophie Bettez et Kennedy Marchment. De plus, l’attaquante Sarah Bujold est toujours évaluée au jour le jour.
Ce qui veut dire que présentement, si l’équipe joue à 12 attaquantes et sept défenseuses, elle peut compter sur seulement deux substituts en séries: une attaquante, ainsi que Mélodie Daoust. Cette dernière peut signer un contrat à court terme puisqu’elle a joué au moins un match en saison régulière, ce qui n’est pas le cas des deux autres réservistes, Brooke Stacey et Lilliane Perreault.
La clause du contrat de 10 jours vient donc diminuer les possibilités. J’ai abordé le sujet à deux reprises avec Kori Cheverie au cours des dernières semaines. Ses réponses étaient très similaires.
« La clause des joueuses de réserve est difficile. Ce serait bien plus facile d’avoir juste 25 ou 26 joueuses avec des contrats réguliers qui peuvent toutes jouer. Le contrat de 10 jours n’est pas idéal, c’est difficile, ça rend les choses compliquées certaines fois. Une joueuse se blesse, mais là tu peux faire ça pour 10 jours et ensuite faire autre chose, c’est compliqué! Je suis contente de ne pas être la directrice générale! J’espère que les choses vont être quelque peu différentes la saison prochaine. »
La Québécoise Liliane Perreault, arrivée à Montréal à la date limite des transactions, n’a pas eu la chance de jouer en saison régulière, ce qui veut dire qu’elle ne pourra pas jouer en séries éliminatoires.
« C’est sûr qu’il y a juste six équipes dans la ligue alors il n’y a pas beaucoup de places en partant, me disait Perreault il y a quelques semaines. Mais c’est sûr que ce serait le fun qu’il y ait plus de joueuses sous contrat l’année prochaine. »
Pourquoi Daoust n’est pas agente libre?
Son de cloche similaire pour Mélodie Daoust, qui partage un aveu intéressant.
« C’est sûr qu’il y a plein de matchs durant la saison que j’aurais pu jouer, que je n’avais pas la garde de mon garçon, mais faut que je signe quand il y a une blessée et c’est dommage, parce qu’on souhaite que personne ne se blesse. Donc c’est peut-être une règle qui va changer dans le futur. »
Le cas de Daoust est particulier. Elle ne peut signer un contrat régulier parce qu’en raison de sa situation familiale, elle ne s’est pas inscrite au repêchage de 2023. Si elle désirait en signer un, elle devrait d’abord passer par le repêchage, n’ayant alors aucune garantie qu’elle serait repêchée par Montréal.
Et il est là le problème. La ligue refuse pour l’instant d’instaurer un âge minimum ainsi qu’une limite d’âge pour son repêchage. Je comprends qu’on veut se donner le plus de possibilités possible, surtout qu’on parle de joueuses universitaires qui terminent leurs études à 24 ou 25 ans. Mais quand on exige qu’une joueuse de 32 ans comme Daoust passe par le repêchage, je trouve que c’est excessif. Pourquoi on ne lui permet tout simplement pas de signer comme agente libre avec l’équipe de son choix? N’est-ce pas les amateurs qui y gagneraient de voir à l’oeuvre plus souvent l’une des meilleures joueuses au monde?
Sous-estimer l’impact du jeu physique
Tout le monde semble s’entendre : c’est une règle qui devrait disparaître. D’autant plus qu’avec le jeu physique qu’on a vu tout au long de la saison et qui risque de s’intensifier en séries, le tout a de quoi inquiéter Cheverie.
« Ça n’a pas été une saison facile, ça, c’est sûr. Je pense que la ligue a débuté en se disant qu’elle voulait du jeu plus physique et elle n’était pas nécessairement prête pour tout ce que ça allait engendrer. Toutes les blessures qui allaient survenir parce que le jeu serait plus physique, ce qui a eu sa propre évolution. Je pense que ça devait être un peu plus physique et c’est finalement devenu des mises en échec complètes. Je pense que chaque entraîneur doit être inquiet des blessures à ce point-ci. »
Différentes règles en séries?
Daoust a confirmé être disponible pour toute la période des séries éliminatoires, peu importe à quel moment l’équipe fera appel à ses services. Cela dit, hier, à quelques heures du premier match des séries, la rumeur courrait voulant que les règles puissent être assouplies.
J’ai obtenu la confirmation que Danièle Sauvageau avait un appel hier après-midi avec la ligue afin de justement discuter des réservistes et de leur utilisation en séries. De ce que j’en ai compris, toutes les possibilités seraient sur la table. Une réserviste pourrait jouer l’entièreté des séries et non pas juste pour 11 jours. Une joueuse qui n’a pas joué en saison régulière pourrait jouer en séries. Et le tout malgré les règles déjà établies.
Si d’un côté ça ne fait pas très sérieux d’une ligue professionnelle de potentiellement changer ses règles comme ça à la dernière minute, d’un autre côté, ça démontre à quel point la situation actuelle n’est pas l’idéal.
Peu importe la décision prise, le dossier mérite certainement d’être revu pour la saison prochaine. Garder le statut de réservistes, mais offrir plus de flexibilité aux dirigeants ne peut qu’être bénéfique pour tout le monde, incluant les partisans, qui, comme on le voit avec Mélodie Daoust, sont trop souvent privés d’une des meilleures joueuses de la ligue.
crédit photo: LPHF