De Bellechasse à San Jose, l’histoire de la famille Blais-Savoie

Un nom avait retenu mon attention lorsque la liste des joueuses admissibles au dernier repêchage de la LPHF avait été publiée et c’est celui d’Évelyne Blais-Savoie.

Pourquoi? Parce qu’en faisant des recherches sur elle, j’avais trouvé qu’elle était née à San Jose, en Californie. Était-ce une erreur? Était-elle née au Québec, mais déménagée à San Jose? Parce qu’avec un nom comme Évelyne Blais-Savoie, il y a tout de même peu de doutes sur ses origines!

Alors lorsque j’ai vu qu’elle participerait à la LSHL cet été, je me devais de lui parler et d’éclaircir le tout.

« C’est effectivement le plus français des noms que je pouvais avoir, mais je suis née à San Jose, m’a confirmé Évelyne lorsque je lui ai parlé au téléphone. Ma sœur, mon frère et moi sommes tous nés là, on a les deux nationalités et les deux passeports. Par contre, le reste de notre famille vient de Bellechasse, près de Québec, et on y allait quelques semaines durant l’été et dans le temps des fêtes pour voir mes grands-parents et nos cousins. »

Mais comment une famille si québécoise se retrouve-t-elle dans la région de la baie de San Francisco, là où 0.53% des familles parlent français à la maison?

L’histoire remonte à 1994. Johanne Blais, une microbiologiste qui a fait sa formation générale à l’UQTR et à l’Université Laval, et son conjoint Robert Savoie quittent le Québec lorsque Johanne se fait offrir une opportunité de travail dans la région de San Jose. Quelques années plus tard, le couple mettait au monde trois enfants: Juliette, née en 2001, Évelyne née en 2002 et Philippe, qui a vu le jour en 2005. Et les trois sont parfaitement bilingues.

« Mes grands-parents ne parlent que le français, alors je n’ai pas le choix de parler les deux langues, dit candidement Évelyne. À la maison, ma mère parlait toujours français et mon père aussi. Parfois, ça créait des situations particulières où ma mère me posait une question en français et je lui répondais en anglais! Mais je comprends parfaitement les deux. C’est juste que j’ai un accent quand je parle français et parfois je me dis que ça sonne terrible! »

Une famille de hockey!

Être parfaitement bilingue n’est pas la seule chose qui unit la fratrie Blais-Savoie. Il y a aussi le hockey, alors que les trois jouaient au niveau universitaire la saison dernière.

L’ainée, Juliette, vient de compléter son parcours universitaire après avoir joué cinq saisons avec l’Université de Toronto. Le cadet, Philippe, a terminé sa première saison dans la NCAA avec Colorado College. Et il y a Évelyne, qui a joué quatre saisons avec les Catamounts de l’Université du Vermont. 

Pourquoi le hockey? Depuis 20 ans, leur père est le directeur hockey des quatre patinoires dans le coin de San Jose où s’entraîne les Sharks.

« Je ne pense pas que nous avions vraiment le choix, raconte à la blague Évelyne. Ma sœur et moi avions commencé à faire du patinage artistique parce que le hockey féminin n’était pas très populaire. Mais quand mon frère a commencé à jouer, on a toutes les deux changé pour le hockey. Nous étions tout le temps à l’aréna de toute façon. »

Ancien joueur de hockey lui-même, Robert a aidé à développer le hockey mineur dans la région, lui qui est arrivé à San Jose seulement trois ans après que la ville ait obtenu une franchise dans la LNH. Il a également dirigé ses trois enfants et comme tous les enfants entraînés par un parent, la relation peut être parfois cahoteuse.

« C’était difficile parfois, avoue Évelyne. Quand j’aurais voulu avoir mon père, c’était plus l’entraîneur qui se présentait, du moins sur la glace. Je sentais aussi qu’il était plus dur envers moi que mes coéquipiers. »

Toutefois, il s’agit peut-être d’un mal pour un bien puisque peu de parents connaissaient bien le hockey à San Jose dans les années 2000.

« À San Jose, même s’ils n’ont pas vraiment une grande expérience en hockey, ce sont surtout des pères qui coachent. Donc, avoir quelqu’un qui me connaissait, connaissait mon style de jeu et savait comment me pousser à atteindre le niveau que je voulais atteindre, c’était vraiment super. Il a certainement été mon plus grand modèle et s’assurait de nous donner les outils pour y parvenir. C’était très cool d’être entraîné par mon père et ça m’a permis de devenir la joueuse que je suis aujourd’hui. »

Se rapprocher du Québec

Après avoir joué dans le programme des Sharks Jr, Évelyne a littéralement traversé le pays au complet pour jouer son hockey universitaire, choisissant l’Université du Vermont, situé à Burlington, à environ 5 000 kilomètres d’où elle a grandi.

« Quand j’ai visité le campus, je suis tombée amoureuse de la ville et de l’école elle-même. Je trouvais que c’était magnifique. Il y avait aussi l’aspect hockey et académique, mais de plus, j’avais toujours grandi de l’autre côté du pays très loin du reste de ma famille. C’était donc certainement un autre facteur important pour moi d’être seulement à quelques heures de mes grands-parents et de toute ma famille. Pour moi, c’était juste le bon choix. »

Par ailleurs, avec les Catamounts, Blais-Savoie a joué trois saisons avec le choix de deuxième ronde de la Victoire de Montréal au plus récent repêchage, la Tchèque Natalie Mlinkova. Et les partisans de l’équipe seront contents d’apprendre ce qu’Évelyne pense de son ancienne coéquipière.

« Elle est assurément talentueuse. Elle sait comment être efficace, faire des jeux et marquer des buts. Et je pense qu’elle l’a vraiment démontré pendant ses années universitaires, mais aussi au niveau international. La première chose que je lui ai envoyée par texto après sa sélection a été ‘Félicitations, maintenant on peut commencer à travailler sur ton français!’ Je sais qu’elle est tellement excitée de venir jouer dans une ville où le hockey est si important. »

À Montréal pour repousser ses limites

L’athlète de 22 ans, qui se décrit comme une attaquante de puissance, est aussi reconnue pour son efficacité dans les cercles des mises au jeu. Elle a par contre été ignorée par les huit équipes de la LPHF lors du plus récent repêchage. Évelyne garde tout de même espoir d’y jouer un jour. Sinon, elle a déjà un plan B. 

« Je suis venue à Montréal afin de m’entraîner au centre 21.02 et passer l’été à Montréal. Je veux vraiment être à un niveau supérieur dans la mesure où je recevrais une invitation à un camp d’une équipe de la LPHF ou si je décidais de continuer ma carrière en Europe. Et ça aide d’avoir des gens autour de toi, des hockeyeuses qui sont déjà à ce niveau et qui peuvent te pousser. Parce que j’ai l’impression qu’il n’y a vraiment pas ça en Californie. Je sens que je voulais me plonger là-dedans et repousser mes limites. »

En attendant, c’est à la LSHL qu’on pourra la voir cet été, elle qui joue au Québec pour la première fois depuis sa participation au tournoi international de hockey pee-wee de Québec.

Évelyne sera d’ailleurs en action ce soir. Le premier match est prévu pour 17h15 et le second vers 18h30, le tout au complexe sportif Hockey Etcetera à Mont-Royal. Les billets sont au coût de 12.50$ sur le site web de Living Sisu, le tout pour amasser des fonds pour la fondation canadienne du cancer du pancréas. Les matchs sont aussi présentés sur les réseaux sociaux de La Poche Bleue et de Living Sisu. Pour plus de détails, veuillez consulter le site livingsisu.com.

crédit photo: Instagram d’Évelyne Blais-Savoie

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