Une résilience à toute épreuve
Montréal, 1er décembre 2025 (Sportcom) – Si l’équipe canadienne a pu être représentée aux épreuves féminines d’endurance des Championnats du monde de cyclisme sur piste, c’est en grande partie grâce à Lily Plante. En raison des résultats qu’elle a obtenus cette saison, mais aussi pour les milliers de dollars qu’elle a déboursés afin de pouvoir courser sur la scène internationale.
Une mise en contexte s’impose pour prendre la pleine mesure de cette situation. En ne s’attardant qu’aux résultats, la Québécoise ne s’est pas particulièrement démarquée à Santiago. Elle s’est classée 19e de l’omnium, a été éliminée de la Madison en compagnie de Ngaire Barraclough et a été stoppée au premier tour avec ses coéquipières de la poursuite par équipes. Nous y reviendrons.
Reste que les sensations de la Québécoise ont été meilleures qu’aux mondiaux de l’an dernier, et ce, malgré une préparation compliquée. Il s’en est fallu de peu pour que la pistarde ne soit pas des listes de départ aux Championnats du monde, comme les autres Canadiennes des épreuves d’endurance d’ailleurs.
Plante a pris part à la Coupe des nations en Turquie et aux Championnats panaméricains avec l’équipe canadienne. Mais elle a aussi parcouru le monde à ses frais pour d’autres compétitions, sans entraîneur ou mécanicien et en s’occupant de toute l’organisation. Entre 8000$ et 10 000$, selon ses estimations, afin de participer à des courses de catégories C1 et C2 qui permettent d’amasser des points au classement mondial. Ce classement est celui qui détermine les places offertes à chaque pays aux Championnats du monde. Plante s’occupait aussi de toute la planification entourant les hébergements et le transport, lors des compétitions.
Naturellement, une telle gestion use au fil du temps. Elle génère des incertitudes et un stress supplémentaire.
« Les réservations, le train et les bus, les logements et plusieurs autres choses font en sorte qu’on dépense beaucoup d’énergie dans la préparation et la logistique du voyage. C’est une grosse charge mentale que les athlètes d’autres pays n’ont pas, a souligné Lily Plante à Sportcom. Ma grande qualité est d’être résiliente, mais des fois, je trouve ça tannant d’être résiliente ! »
L’an dernier, Plante est donc montée sur un podium aux 4 jours de Genève, en Suisse. Elle a ensuite effectué trois voyages supplémentaires qui l’ont menée au Portugal, en France, en Slovaquie et en Italie pour amasser des points.
C’est au mois d’août qu’elle a confirmé sa 12e place au classement mondial des épreuves d’endurance. À défaut de faire partie des 16 pays qualifiés grâce au classement des nations, le Canada, 18e, a eu droit à une entrée pour les courses d’endurance aux mondiaux élites.
« Les résultats sur papier ne sont pas excellents, mais vu les efforts qu’on doit mettre pour y arriver, je trouve que c’est déjà un pas dans la bonne direction. »
– Lily Plante
Contrairement à l’an dernier, à l’occasion de sa première participation aux mondiaux, Lily Plante a voulu alléger son horaire et ménager ses forces.
« Je trouve que j’ai pris une coche »
Revenons donc aux résultats obtenus aux Championnats du monde en octobre dernier. À l’omnium, discipline qui regroupe quatre épreuves, Plante a fini 12e à la course scratch, 20e à la course tempo, 21e à la course par élimination et 19e à la course aux points. Au cumulatif, elle pointe au 19e échelon avec 21 points.
« Il y a beaucoup de points positifs à l’omnium. J’ai beaucoup amélioré mon endurance. Je me sentais bien à la fin et je n’étais pas à l’agonie comme l’an dernier. Le résultat sur papier est moins bon que l’année dernière (NDLR : elle s’était classée 17e), mais vu le niveau qui était très relevé, je trouve que j’ai pris une coche. »
Cette même journée, elle a fait partie de la formation canadienne de la poursuite par équipes en compagnie de Ariane Bonhomme, Fiona Majendie et Alexandra Volstad. Le quatuor, qui n’a eu droit qu’à quelques jours de préparation pour cette épreuve, a été stoppé aux qualifications, classé neuvième à 3,32 secondes de la dernière place donnant accès au tour suivant.
« Ç’a vraiment mal été et je prends une grosse partie du blâme. Je n’ai pas été à la hauteur. J’ai connu une mauvaise journée et ç’a affecté toute l’équipe. On se classe neuvièmes, alors qu’on avait clairement le potentiel de faire mieux », a confié Plante.
La Madison demeure la priorité
Lily Plante a également pris part à la Madison avec l’Albertaine Ngaire Barraclough. Cette dernière a subi une commotion cérébrale en juillet et est demeurée sur la touche quelques semaines. Les Canadiennes ont finalement été la dernière formation à être retirée pendant l’épreuve en raison d’un retard trop grand sur la tête de course.
« On est un peu déçues de ça. On s’est qualifiées sur la peau des fesses cette année, alors on partait dans les dernières. Dans ces courses, c’est difficile de se replacer parce que c’est vraiment le chaos. On partait déjà avec une petite difficulté et on a tiré de la patte toute la course sans réussir à aller se placer aux devants », a résumé Plante à propos de cette épreuve à relais qu’elle aimerait effectuer aux Jeux olympiques de Los Angeles.
Dans les prochains mois, le duo canadien compte partir « à la chasse aux points » afin d’obtenir un meilleur classement mondial et ainsi, un meilleur positionnement sur la ligne de départ.
« On pourra s’assurer de bien se positionner et de prendre les bonnes roues dans les premiers tours au lieu de dépenser de l’énergie à l’arrière. »
La résilience de Lily Plante demeurera son plus grand atout si elle veut vivre son rêve de participer à ses premiers Jeux olympiques en 2028. Le processus de qualification olympique ne débutera pas avant 2027, alors il lui reste encore beaucoup de temps pour poursuivre sa progression.
« Je ne veux pas abandonner tant que je n’ai pas fait tout en mon pouvoir pour y arriver », a conclu l’athlète. Elle se préparera pour les Championnats canadiens en janvier qui seront disputés au Vélodrome de Bromont.
Rédaction : Luc Turgeon
